Dans cet article, nous nous proposons de répondre à la question suivante :
En souscrivant un contrat de fourniture d'électricité renouvelable, peut-on considérer que notre consommation d'électricité est décarbonée ?
Pour répondre à cette question, il nous faut introduire les deux notions suivantes :
- Location-based: La méthode location-based calcule les émissions liées à la consommation d’électricité en fonction du mix électrique de la région où a lieu la consommation.
- Market-based: La méthode market-based calcule les émissions liées à la consommation d’électricité en fonction du contrat d'achat d'électricité du consommateur.
Une entreprise qui aurait souscrit un contrat de fourniture d’électricité verte pourrait donc dire selon l’approche Market-based que sa consommation d’électricité est 100% décarbonée. Sauf que la réalité physique du système électrique implique que tous les consommateurs subissent à chaque instant le mix électrique de la région où ils se trouvent. Et lorsque les systèmes électriques sont interconnectés comme c’est le cas pour l’Europe, chaque pays/région subit les mix électriques de ses voisins du fait des échanges électriques transfrontaliers ; ce qui amène à distinguer le mix électrique de la production et le mix électrique de la consommation. Vous comprendrez aisément que cette dernière notion soit la plus pertinente s’il s’agit de calculer les émissions de CO2 de la consommation d’électricité. Par exemple, avec son parc nucléaire, les émissions de CO2 de la production française sont très faibles. En revanche, si on prend en compte les échanges transfrontaliers avec par exemple l’Allemagne qui exporte régulièrement une partie de sa production très carbonée en France, il en résulte une intensité carbone de la consommation d’électricité plus forte que l’intensité carbone de la production.
Par ailleurs, concernant les fournisseurs d’électricité verte, la promesse qu’ils formulent est d’injecter sur le réseau électrique autant d’électricité verte que l’acheteur en aura consommé, sans préciser à quel moment l’électricité verte sera injectée sur le réseau. Ils ne font donc pas la promesse qu’ils injecteront les quantités d’électricité verte aux moments exacts où l’acheteur consommera de l’électricité. Promesse qu'ils ne pourraient de toute façon pas tenir, sauf à brancher une éolienne ou des panneaux solaires qui produiraient et fourniraient à la demande et 24h/24 de l'électricité directement aux points de consommation de l'acheteur. On voit bien que la notion de Market-based n'a pas vraiment de sens s'il s'agit de mesurer l'impact carbone de la consommation d'électricité, même pour ceux qui ont souscrit un contrat de fourniture d'électricité verte
Pour mémoire, après avoir initialement pris position pour ne communiquer que sur l'approche Location-based, le GHG Protocol a été contraint d'assouplir sa position et recommande désormais de communiquer les deux chiffres.
En revanche, la position de l'Ademe dans son guide méthodologique est beaucoup plus claire :
Le Bilan Carbone® se veut le reflet d'une réalité physique et non d'un nom commercial. La production d'électricité renouvelable est rarement autoconsommée et est donc très souvent raccordée au réseau national : cette production "verte" fait donc partie du mix électrique national. Le développement des énergies "vertes" se traduit par une réduction du facteur d'émission du mix électrique national.
En résumé, on préfèrera l'approche Market-based si on a un enjeu de communication sur la nature de son contrat de fourniture d'électricité et l'approche Location-based si on souhaite mesurer sa contribution réelle et effective à la réduction des émissions de CO2.
N'hésitez pas à lire l'article suivant écrit par @gregory lebourg et commenté par @Hugues Ferreboeuf : L'impact carbone des services Cloud : ne pas se laisser duper.
#ademe #ghgprotocole
